Une démocratie africaine?

Par Charles HOGBE MBANGUE

S/C Université Catholique d’Afrique Centrale

BP.11628 Yaoundé CAMEROUN

charlesmbangue@yahoo.fr

Tél. (237) 94 84 73 96

 

L’idée d’une « démocratie purement africaine » est une pensée qui a été soutenue par bon nombre d’intellectuels africains et mêmes occidentaux. En effet, l’Afrique ne remplirait pas pour certains tous les critères dits démocratiques, d’où la pensée de chercher dans ses ressources les fondements d’une démocratie propre. Mais sur quels principes se fondent la démocratie telle que pensée par ses pères ? Par ailleurs il convient de connaître en quoi l’Afrique est en marge de ces critères et surtout de répondre à la préoccupation de l’effectivité d’une démocratie purement africaine.

« Démos  Cratos », c’est ainsi que l’on situe l’essence étymologique du mot Démocratie, il s’agit du pouvoir du peuple. Aujourd’hui elle s’entend comme un système politique dans lequel le peuple est à l’origine du pouvoir. La démocratie revêt ainsi un certain nombre de principes : le respect des libertés et la souveraineté du peuple, la séparation des pouvoirs, la bonne gouvernance, le pluralisme social, le multipartisme, l’alternance au pouvoir en passant bien sur par la tenue d’élections régulières et justes.

Beaucoup j’imagines s’interrogerons sur le pourquoi d’un pareil thème car, nombreux sont ceux qui clame l’existence d’une démocratie en Afrique. Mais la démocratie se révèle être un mythe lorsque la quasi-totalité de ses principes ne sont respectés. Encore que de nombreux auteurs s’interrogent sur l’effectivité de ce concept dans le monde et pas seulement en Afrique mais ce n’est pas le débat. On assiste depuis peu à une dynamique de « monarchisation » et de « dynastisation » des régimes politiques africains ce qui témoigne justement d’un réel handicap démocratique.

 Prenons le cas des élections, principe démocratique rudement recommandé pour tout pays qui se la réclame.  Elles sont très souvent en Afrique le meilleur moyen de parvenir à ces fins de non alternance et de continuité des régimes, les dirigeants s’adonnent très souvent à plusieurs pratiques même les plus ignobles pour parvenir à leurs fins. Un des multiples cas est celui de la dernière élection présidentielle Rwandaise à l’issu de laquelle le candidat Faustin TWAGIRAMUNGU a dénoncé le harcèlement les intimidations dont ses partisans ont fait l’objet durant toute la campagne de la part des autorités gouvernementales. Momat KABULO comparait ainsi l’élection en Afrique à « un moyen pratique de légitimation d'un pouvoir spolié et confisqué au peuple ». Tout est ainsi mis en œuvre pour « consacrer le pouvoir du plus fort par le plus fort pour le plus fort » ajoutait-il.

Il va s’en dire après un tel constat que la bonne gouvernance n’est rien d’autre qu’un  vil mot pour les hommes forts des régimes africains. On la clame,  le réclame, l’invoque dans tous les débats et apparitions médiatiques mais son application s’avère être très peu effective. Les pays Africains comptent encore parmi les plus corrumpus du monde, ajouter à cela un taux de chômage avoisinant les 25% en moyenne rien que pour l’Afrique centrale (2007). Cette région a pourtant bénéficié pour le compte de cette même année d’une aide économique d’environ 5 milliards de Dollars et le chiffre s’en va grandissant mais à quel prix, que font donc les dirigeants africains ?

Jusqu’ici il a été montré que l’Afrique témoigne d’un certain retard en ce qui concerne la démocratie, surtout au vu des principes énoncés. Reconnaissons toutefois que certains pays se démarquent des autres.  Peut-on dès lors envisager la mise sur pied d’une démocratie africaine? Les auteurs soutiennent que l’Afrique pourrait puiser dans son histoire, sa culture et ses traditions pour façonner un modèle démocratique à sa mesure. Le risque ici serait de déroger aux fondamentaux du fait démocratique cependant, certains nous dirons qu’en refusant le modèle occidental de la démocratie  l’Afrique n’est pas contre les principes de la démocratie. Ce serait peut être vrai, il est nécessaire de tenir compte de la culture et de l’inconscient collectif du peuple cependant, les modèles africains de démocratie sont très loin de défendre ces fondamentaux : la famine, les guerres, la corruption, la non alternance, la mal gouvernance témoignent plus d’une démocratie caricaturée plutôt que d’un modèle démocratique propre à un continent.

Si la démocratie peut alors apparaître comme une solution pour l’Afrique, il convient donc d’en préciser les enjeux qui sont à l’apparence gagnants. En effet un régime qui lorsqu’il est effectivement appliqué offre les mêmes possibilités de réussite à tous ses citoyens, qui assure en outre la protection des libertés et enfin apparaît comme un gage de développement économique et social ne qu’être bénéfique. De plus comme nous le soutient Alfred E. SMITH « Tous les méfaits de la démocratie sont remédiables par davantage de démocratie». Le plus important en définitive est de ne pas tomber dans la problématique de l’opérationnalité stratégique. Aux africains donc de proposer une démocratie qui prend en compte les réalités du continent. Et  il est d’autant plus nécessaire de se soumettre aux fondements même du fait démocratique, qui ne veulent qu’en définitive mettre l’homme au centre de toute les préoccupations pour en assurer son épanouissement. Toutefois il reste à résoudre le problème du processus

 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 


31/12/2009
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