LA PROBLEMATIQUE DE L'ETAT EN AFRIQUE
LA PROBLEMATIQUE DE L'ETAT EN AFRIQUE
Par Charles H. MBANGUE
Depuis plusieurs années, l'Afrique n'a cessé d'être au cœur de nombreux débats intellectuels relatifs à son avenir, à sa gestion mais surtout à ses expériences. Plusieurs raisons sont à l'origine de cette attention. La plupart étant associées aux doutes sur l'origine et la structure étatique en Afrique. Il s'agit sûrement du plus grand discrédit accordé à la situation de l'Etat dans un continent. Il a été qualifié de « prébendier», « rentier », « népotiste », «kleptocrate », « « criminel », « fantôme » etc. Dès lors se pose la perpétuelle question de l'existence d'un l'Etat en Afrique. Les africains n'auraient-ils pas compris la notion d' « Etat » ? Peut-on réellement parler d'Etat en Afrique ? Ces questions certes aux tournures anthropologiques, se présentent comme être des interrogations majeures favorables à l'émergence d'une nouvelle dynamique de l'Etat en Afrique. Bertrand de JOUVENEL dans Du Pouvoir faisait remarquer « nous sommes tous membres de l'Etat, l'Etat c'est nous » et j'ajouterai aussi bien en Afrique qu'ailleurs. Bien que l'auteur renchérisse que l'Etat puisse au sens restreint être considéré comme l'ensemble des structures d'exercice de l'autorité, ce que Louis ALTHUSSER appelle appareils répressifs et appareils idéologiques de l'Etat, il faut reconnaître que l'Etat se doit aussi d'assurer les fonctions de développement et de bien être commun. Sauf qu'il semblerait bien que ces fonctions ne soient pas mentionnées dans le guide des Etats africains. Ils ne se résument plus qu'à des instruments de répression, favorables à une culture de l'influence et de la tolérance malsaine, les forces armées ne sont plus que l'ombre d'elles même car ne suscitant plus de respect, elles ne sont plus qu'au service des intérêts des régimes en place et des gouvernants corrompus et avides de pouvoir. Jean François BAYART soutient en effet que l'Etat est une institution qui favorise le pillage des ressources à des fins privées. Patrick CHABAL et Jean Pascal DALOZ dans une conception tout aussi similaire, en s'intéressant à la faiblesse de l'État africain et au manque concomitant d'institutions représentatives résumaient le problème à l'incapacité d'indifférencier l'État du reste de la société. Cette situation a alors conduit à la faiblesse voire à l'échec de l'Etat en Afrique. Les Etats sont marqués par le tribalisme, les guerres civiles et bien d'autres maux. La question qui nous viendrait alors à l'esprit est celle de savoir si un réaménagement de l'Etat en Afrique serait favorable au développement ? En s'appuyant sur la littérature actuelle cette question se résoudrait tout de suite par l'affirmative. Toutefois certains auteurs n'hésitent pas à soutenir que le développement capitaliste en Afrique constitue le meilleur moyen pour résoudre le problème de la faiblesse de l'institution étatique et l'Afrique du Sud est très souvent cité en illustration. Cependant l'absence des conditions nécessaires à l'émergence du capitalisme rend difficile l'application effective de cette théorie. Il parait donc évident que le modèle de développement inapproprié n'a pas toujours servi à l'émergence d'un Etat digne de ce nom en Afrique. C'est pourquoi subsiste toujours ces préoccupations majeures : QUEL REGIME ETATIQUE, QUELLE FORME D'ETAT, QUEL ROLE DE L'ETAT EN AFRIQUE ?