Du discours à l’acte : que peut-on attendre de Copenhague ?
Du discours à
l’acte : que peut-on attendre de Copenhague ?
Le climat est un bien collectif ou public
mondial. Une action collective est par conséquent nécessaire même si elle se
heurte aux intérêts des puissances. Ces propos de Philippe Hugon illustrent à
souhait que la question du climat concerne tous les Etats. Et de ce fait, des jeux coopératifs sont possibles
dès lors que la lutte contre les changements climatiques est un jeu à somme
positive, même si les gagnants ne sont pas prêts à compenser les perdants et
chaque joueur cherche en fonction de sa puissance à défendre ses intérêts.
C’est ce qui justifie
En relisant l’histoire, l’on peut se rendre à l’évidence que les
conférences et les sommets organisés par l’ONU sur les différents aspects de la
crise écologique à l’effet
de sauver notre planète en danger, sont légion. Et lors de tous ces grands
rendez-vous, les résolutions, les chartes et bien d’autres décisions ont été
adoptées. Malheureusement, les menaces de destruction voire d’extinction ne
cessent de peser chaque jour sur la planète. Ceci ne laisse aucun esprit
indifférent, au point où nombreux comme nous à travers cette réflexion se
posent la question de l’utilité des conférences et sommets organisés ici et là
dans le monde pour sauver la planète. Pourquoi multiplie-t-on les conférences,
si après celles-ci le discours ne se transforme pas en acte ? Pourquoi
Copenhague alors que Kyoto, qui prend fin en 2012, n’a jusqu’à présent été ratifié
par les USA ; et les Etats qui l’ont même ratifié ne sont pas
effectivement passés à l’acte en l’appliquant tel qu’il est défini? Les sommets
et conférences peuvent-ils être considérés comme une planche de salut pour une
planète en danger ? A y voir de prêt, il est évident de constater que la
solution, s’il y en a une sur la question actuelle du climat, tient d’une
dimension autre que celle qui viendrait des résolutions des conférences. Ce qui
montre que le problème est bien ailleurs, un ailleurs qui est certes compatible
avec des conférences et sommets organisés ici et là, mais non déductible d’eux.
Il serait naïf voire illusoire de prétendre arriver à l’application d’une
résolution qui sera adoptée par tous les Etats, surtout ceux qui polluent le
plus la planète à travers une prolifération des industries toxiques de toute
sorte, qui chaque jour contribuent à l’augmentation du taux des gaz qui
provoquent l’effet de serre. Car, tant que les Etats en l’occurrence ceux dits
les plus développés et qui se regroupent aujourd’hui en G20 seront toujours
obsédés par la logique de l’accumulation des richesses corollaires de la donne
capitaliste, tant qu’ils ne se définiront que par rapport à la volonté de puissance
et de domination, il sera utopique d’envisager une véritable prise de
conscience quant au souci de sauver la planète. Qui appliquera les résolutions
qui seront prises à Copenhague ?
Dans tous les cas, nous sommes loin
de penser que les USA qui n’ont jusqu’à ce jour pas ratifié le protocole de
Kyoto en vigueur jusqu’en 2012 le feront ; encore moins
La question climatique qui devient
une question charnière, interroge autant notre mode de vie, nos choix
personnels et collectifs, que le type de développement que les Etats mettent de
l’avant et la nature des rapports que ceux-ci veulent établir entre eux. Des
rapports faut-il le rappeler fondés essentiellement sur l’accumulation et
l’intérêt. La crise climatique qui n’est qu’un aspect de la méga crise
écologique que le monde traverse en ce moment, nous amène donc à réexaminer
comme le souligne Louis Vaillancourt les fondements
de la culture occidentale, totalement fascinée par une Technoscience au service
de l’idéologie du développement et de la productivité illimitée. Il est
donc juste de considérer le réchauffement climatique comme le nœud ou le
symptôme le plus aigu (du moins le plus visible) d’une crise de l’humanité, le
révélateur d’une crise de fondements. Tant que l’humanité considérera le
système capitaliste qui a refroidi la vie
humaine dans les eaux glacées du calcul égoïste (Octavio Paz) comme la
seule planche de salut, prenant à la lettre les dogmes sur lesquels repose
notre système économique actuel, il est évident que la prise de conscience
quant à la sauvegarde de notre planète ne sera qu’une utopie. Tant qu’il n’y
aura pas un changement radical des mentalités qui permettre aux Etats
d’exploiter avec modération les ressources de la planète non pour
l’accumulation et la domination, mais pour subvenir aux besoins de l’homme qui
doit être la fin de tout système, on aura beau multiplier des conférences comme
Copenhague, rien ne changera. Oui aux conférences et aux discours, mais tant
que les plus grands pollueurs de la planète ne passeront pas à l’acte, les
assises comme celles de Copenhague ne seront qu’une feuille de choux aux yeux
des plus pauvres qui paient chaque le pris de la folie des grands de ce monde.
Jean TOUBE ADJI, Licence III
(Théologie)