ABIMER MOINS LA PLANETE
Abîmer moins la Planète ?
Le verbe
abîmer est suspect : l’auteur de l’acte est en réalité un coupable. Enlangage diplomatique, on « condamne » ou on « soutient ». Nous condamnons donc ce
verbe, mais nous soutenons les progrès de l’ISAV sur des questions environnementales.
De manière irréfragable, la dégradation actuelle de l’écosystème et les perturbations
climatiques qui en découlent constituent une réalité. L’
Earth day aura été l’occasion derevisiter le rapport Homme-Nature, en termes d’impacts réciproques. Je voudrais
relativement décevoir nos écologistes en exerçant ma liberté de penser. Il ne nous suffit
pas de « pleurer la terre », il faut nous poser des questions supplémentaires :
[A]
Le discours sur l’écologie porte en lui-même un effet indésirable, celui derendre constamment l’Homme responsable de la destruction de l’écosystème. On le rend
coupable de « spécisme » (il privilégie indûment son espèce au détriment des autres, en
vertu de son pouvoir de dominer la création), on « personnifie » la Terre en montrant les
souffrances que lui cause l’Homme. Pourtant, cet homme n’est pas le seul occupant de la
Planète, et donc pas le seul bourreau présumé, bien qu’il soit le prédateur essentiel de la
Nature. Et que détruit un éléphant pour survivre au bout d’une année ?
[B]
Le phénomène écologique naît comme une coutume sauvage, au sens nobledu droit international. Le propre d’une coutume sage est d’être une répétition des faits,
d’agissements constants et réguliers dans le temps, donnant au peuple qui les pratique le
sentiment de se conformer à une norme juridique obligatoire. La coutume sauvage
renverse cet ordre. Elle crée d’abord psychologiquement le sentiment d’une norme
obligatoire et s’impose à la pratique générale, sans accorder un temps nécessaire à
l’assimilation des agissements décrétés. De même, la pensée écologique élabore
« brusquement » des interdits sur la Nature, grâce à un éveil de conscience sur les
changements climatiques manifestes (vont-ils durer ?). Des interdits qui se veulent
d’applicabilité directe, alors que dans la pratique générale (africaine), brûler son champ,
abattre un palmier qui racle son toit, faire de la chasse ne sauraient être subitement
prohibés. La pensée écologique semble donc placer la charrue avant les boeufs et devra
peiner à s’installer. Peut-on seulement survivre sans polluer, sans détruire la nature,
nécessairement ?
[C]
Enfin, le discours sur l’écologie est conséquentialiste. L’on estime que lamanière de manger, de boire et de se vêtir aux États-Unis a un impact écologique au
Congo, pour emprunter l’idée à Syauswa. Selon plusieurs thèses, les comportements
humains portent préjudice à l’écosystème. Ce qui n’est pas faux. Cependant, – nos
géographes et paléontologues pourront en dire plus – il y a plus de 70 mille ans, la
Planète avait connu des glaciations. Une alternance de périodes glaciaires et de
réchauffements dus à l’expansion des continents (Cambrien) et à l’effet de serre (seconde
moitié du Paléocène). Il y a 7 millénaires, la Planète était également confrontée à la
désertification du Sahara. Il n’y avait alors sur la terre qu’une population réduite. Était-ce
toujours l’Homme à la base de ces mutations écologiques ?
HYPOTHÈSE-QUESTION
: Plutôt qu’une "destruction" causée par l’Homme, etsi les mutations écologiques actuelles s’inscrivaient dans un processus normal de
l’écosystème, qui se rééquilibrera tout seul un jour ?
Il vaut donc mieux « soutenir » leMouvement écologique (avec la CG35) sans faire procès à l’Homme. Ou bien se
recueillir simplement devant le mystère !
Rodrigue Ntungu